CRPC en droit pénal routier : faut-il accepter la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité ?

17/11/2025

Dans le contentieux du droit pénal routier, la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) occupe une place croissante à La Réunion.

Souvent proposée dans les affaires de conduite sous l’empire d’un état alcoolique ou conduite après usage de stupéfiants, elle apparaît comme une voie rapide de règlement judiciaire.

Mais cette apparente simplicité dissimule une procédure particulièrement technique, dont les conséquences sur le permis de conduire peuvent être lourdes.

Faut-il accepter systématiquement la CRPC ? Quelle différence avec une convocation devant le tribunal correctionnel ?

Qu’est-ce que la CRPC ?

Instituée par la loi du 9 mars 2004, la CRPC est prévue aux articles 495-7 à 495-16 du code de procédure pénale.

Elle permet au Procureur de la République de proposer au conducteur qui reconnaît les faits une peine adaptée, sans qu’un « procès complet » ne soit nécessaire.

L’assistance d’un avocat est obligatoire (article 495-8 du même code) : sans lui, la procédure serait irrégulière.

Étapes clés de la procédure :

  1. Le procureur convoque le conducteur et lui expose la peine envisagée.
  2. Le conducteur, assisté de son avocat, peut accepter ou refuser cette proposition.
  3. En cas d’acceptation, la peine doit être homologuée par un juge du siège lors d’une audience publique.
  4. En cas de refus, l’affaire est renvoyée devant le tribunal correctionnel.

Ainsi, contrairement à une idée reçue, la CRPC n’est pas un simple « plaider coupable » automatique : elle reste une procédure juridiquement encadrée, dont chaque étape produit des effets sur le plan pénal.

Le champ d’application de la CRPC en droit pénal routier

La CRPC est aujourd’hui largement utilisée dans le traitement des délits prévus par le code de la route, notamment en matière de conduite sous l’empire d’un état alcoolique (article L.234-1 et suivants du code de la route) ou de conduite après usage de stupéfiants (article L. 235-1 du même code).

Elle concerne également de nombreuses autres infractions routières, telles que :

  • le refus de se soumettre aux vérifications (articles L.234-8 et L.235-3),
  • la conduite malgré suspension ou annulation du permis de conduire (article L.224-16),
  • la conduite sans assurance, infraction prévue et réprimée par l’article L.324-2 du code de la route,
  • ainsi que certaines formes de blessures involontaires commises à l’occasion d’un accident de la circulation (articles 222-19 et 222-20 du code pénal).

Dans la pratique, les parquets de Saint-Denis et de Saint-Pierre recourent très régulièrement à la CRPC pour fluidifier le traitement des dossiers liés à la conduite sous alcool, stupéfiants, ou sans permis valide.

Cette procédure permet d’assurer une réponse pénale rapide, mais exige une vigilance accrue, car la reconnaissance des faits emporte immédiatement plusieurs conséquences :

  • une inscription au casier judiciaire n°2,
  • la perte de points sur le permis de conduire,
  • et parfois la confiscation du véhicule, mesure désormais fréquente dans les cas de récidive.

Il faut enfin rappeler que dans les cas de récidive de conduite sous alcool ou sous stupéfiants, l’annulation du permis de conduire est automatique, conformément aux articles L .234-12 et L. 235-5 du code de la route.

Cette sanction s’impose au juge, sans possibilité d’aménagement, et rend d’autant plus crucial le choix de la stratégie de défense avant toute acceptation d’une procédure de CRPC.

Les risques d’une CRPC mal maîtrisée

L’un des pièges les plus fréquents réside dans le fait que la CRPC ne permet pas de contester la procédure.

Autrement dit, si le contrôle ou le dépistage a été réalisé en méconnaissance des textes — par exemple, pour la conduite après usage de stupéfiants, sans remise du formulaire d’information prévu à l’article R. 235-11 du code de la route — le juge ne pourra pas annuler la procédure lors de l’homologation.

C’est ici que le rôle de l’avocat devient déterminant.

Prenons l’exemple du prévenu convoqué en CRPC pour récidive de conduite après usage de stupéfiants. Avant toute acceptation des peines proposées et discutées avec le Procureur, Maître Côme Landivier doit analyser le procès-verbal et vérifier la régularité du contrôle, notamment :

  • les conditions de dépistage (articles R. 235-3 et suivants du code de la route),
  • la validité des opérations de prélèvements salivaires (articles R. 235-5 et suivants du code de la route),
  • le respect du droit à la contre-expertise,
  • et la remise du formulaire d’information.

Ce travail sera ici déterminant car, une fois condamné à l’issue d’une CRPC acceptée, le prévenu poursuivi pour conduite après usage de stupéfiants verra, entre autres peines, son permis de conduire obligatoirement annulé.

À lire également : Conduite après usage de stupéfiants : faites valoir votre droit à la défense

Avocat alcool et stupéfiants La Réunion

Avantages et inconvénients de la CRPC pour le conducteur

Les avantages :

  • La possibilité pour le procureur de proposer une peine négociée (suspension plus courte, amende, stage de sensibilisation…).
  • Une meilleure prévisibilité de la sanction.

Les inconvénients :

  • Le conducteur reconnaît définitivement les faits.
  • Aucune nullité de procédure ne peut être plaidée.
  • La peine homologuée a les mêmes effets qu’un jugement correctionnel (article 495-11 du code de procédure pénale).

Quand faut-il refuser une CRPC ?

Il est essentiel de refuser une CRPC lorsque :

  • Les conditions du contrôle sont irrégulières (absence d’information, refus de contre-analyse non notifié, erreur sur le taux d’alcoolémie etc.).
  • Le taux d’alcoolémie ou la qualification retenue peut être discutée.
  • Le conducteur risque une annulation automatique du permis alors que le dossier mérite une analyse contradictoire devant le tribunal correctionnel.

Dans ces cas, il est souvent préférable de plaider devant le tribunal, où l’avocat pourra développer une argumentation technique sur la procédure, les appareils utilisés ou les conditions du contrôle.

Les conseils de Maître Côme Landivier

En pratique, il convient de ne jamais accepter une CRPC sans analyse préalable du dossier par un avocat.

Maître Côme Landivier, avocat en droit pénal routier à Saint-Denis de La Réunion, examine systématiquement :

  • la régularité du contrôle (stupéfiants ou alcoolémie),
  • la proportionnalité de la peine proposée,
  • et les conséquences administratives sur le permis de conduire.

Il peut également intervenir auprès du parquet avant l’audience d’homologation pour adapter la peine, notamment en proposant un éthylotest antidémarrage (EAD) ou un stage de sensibilisation en alternative à la suspension pure et simple.

En conclusion : une procédure rapide, mais à manier avec précaution

La CRPC n’est pas un simple allègement procédural : c’est une véritable décision de justice, engageant le conducteur sur le plan pénal et administratif.

Mal utilisée, elle peut aboutir à une double peine : suspension judiciaire, perte de points, et impact professionnel majeur.

Avant toute décision, prenez le temps de consulter un avocat expérimenté en droit routier : à La Réunion, Maître Côme Landivier vous accompagne avec rigueur et stratégie, pour défendre vos droits et préserver votre mobilité.

Contactez Maître Côme Landivier – Avocat en droit pénal routier à La Réunion

Vous êtes convoqué au tribunal judiciaire de Saint-Denis ou de Saint-Pierre en CRPC pour une conduite sous alcool ou stupéfiants ou tout autre délit routier ?

Vous souhaitez préserver votre permis et éviter une double sanction ?

📍 Cabinet : 84 rue Jean Chatel, Saint-Denis (97400)

Maître Côme Landivier, avocat en droit pénal routier et droit du permis de conduire à La Réunion, vous conseille et vous défend à chaque étape de la procédure.

Contactez le cabinet dès aujourd’hui pour une analyse personnalisée de votre dossier.